Votre enfant a fait son coming-out, vous ressentez probablement des émotions contradictoires et les questions fusent dans votre tête ?
Il est tout à fait normal de se questionner, s’inquiéter … n’oubliez pas qu’il/elle est probablement dans le même spectre d’émotions que vous, même si les questionnements ne sont pas les mêmes. L’important dans votre posture de parent est en premier lieu de maîtriser le message que vous allez lui transmettre et donc vous éduquer pour mieux l'accompagner à travers son coming-out. Je vous laisse parcourir cet article dont l’objectif est de donner des pistes pour accompagner au mieux votre enfant dans son cheminement afin qu’il/elle puisse se construire dans un cadre apaisé.
Ca veut dire quoi être LGBT ?
Se dire LGBTQIA+ c’est affirmer son orientation sexuelle, romantique et/ou son identité de genre. Mais ça veut dire quoi concrètement ?
L’orientation sexuelle
L’orientation sexuelle définit l’attirance sexuelle ou affective d’une personne, que ce soit vers des personnes du même genre ou du genre opposé. Il n’est pas nécessaire d’avoir une vie sexuelle ou romantique “active” pour connaître son orientation sexuelle.
Je tiens à préciser que votre enfant ne se rebelle pas, ne souhaite pas se différencier à tout prix, nous ne choisissons pas notre orientation sexuelle ou notre identité de genre. Tout cela s’impose à nous et ne fait absolument pas partie d’un choix.
Il existe plusieurs orientations sexuelles, ci dessous les principales à connaître pour commencer :
- Hétérosexuel.le
Je suis attiré.e seulement par des personnes d’un genre autre que le mien
- Homosexuel.le
Je suis attiré.e par des personnes du même genre que le mien
- Pansexuel.le (ou pan)
Je suis attiré.e sexuellement par une personne sans regard sur son genre
- Bisexuel.le
Je suis attiré.e par des personnes du genre opposé ou du même genre que le mien
- Asexuel.le
Je ne ressens pas ou très peu d’attirance sexuelle
L’identité de genre
Il est important de différencier le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre.
Le point commun entre le sexe et le genre est qu’ils sont souvent appréhendés de manière binaire.
Le sexe assigné à la naissance est une catégorie biologique qui divise les êtres humains entre les femmes et les hommes sur la base de leur anatomie et de leur physiologie. Cette catégorisation est relativement récente, elle date de la naissance de la médecine moderne. Avant, les différences anatomiques des femmes et des hommes étaient considérées comme de simples variations d’un seul et même sexe.
L’identité de genre correspond au sentiment que vous avez d'être un homme, une femme, aucun des deux, les deux ou quelque part entre les deux ! Il s’agit d’une construction sociale, une conviction intime et personnelle de se sentir « homme », « femme », ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois.
Contrairement à l’orientation sexuelle ou affective qui correspond à qui nous attire et qui nous aimons, l’identité de genre définit qui nous sommes.
- Je me sens appartenir au genre qui m’a été désigné à la naissance
On parle d’identité cis genre
- Je ne me sens ni homme, ni femme ou homme et femme à la fois !
On parle d’identité non binaire, fluide ou agenre
- Je me sens en profond désaccord avec le genre qui m’est assigné,
On parle d’identité transgenre
Comme vous pouvez le remarquer avec ce sujet, un nouveau monde s’ouvre à vous et avec lui tout un vocabulaire à découvrir. Je vous ai préparé un lexique qui pourra vous aider à comprendre ces différentes terminologies !
Une petite définition de l’acronyme LGBTQIA+
L’acronyme LGBTQIA+ est en constante évolution, il a vu de nouvelles lettres rejoindre sa communauté au fil des ans et se complète afin de rendre visible les différentes réalités qui composent notre société.
L : lesbiennes
G : gays
B: bisexuelles
T: transgenre,
Q: queers,
I : intersexes
A : asexuelles
+ : pour désigner l’éventail encore plus large d’identités de genre et d’identités sexuelles
Comment mon ado en vient à s’interroger sur son orientation sexuelle ou son identité de genre ? Un long chemin de construction identitaire.
Dès l’enfance, vers l’âge de 2 à 3 ans, votre enfant prend conscience des notions de genre et de la différence de traitement que l’on fait entre les filles et les garçons. Ils/elles intègrent énormément de stéréotypes à ce moment de leur construction.
Vers l'âge de 9-10 ans, à la fin de l'enfance et au début de l'adolescence, les enfants vivent leurs premiers émois. Ils éprouvent des sentiments pour des garçons, pour des filles... Cependant, ces expériences ne définissent pas forcément leur orientation sexuelle ou romantique. Il est important de laisser votre enfant explorer, échanger sur ce qu’elle/il ressent et lui offrir une multitude de représentations afin qu’il/elle ne se sente pas enfermé.e ou rejeté.e.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, tous.tes les jeunes ados ne découvrent pas leur orientation sexuelle très tôt. Certain.es peuvent affirmer : « J'ai toujours su que j'étais homosexuel(le), bi … », mais ils/elles ne représentent pas la majorité. Seul 15-20 % des adolescent.es ont affirmé leur orientation sexuelle avant l'âge de 20 ans.
En découvrant que son orientation sexuelle et/ou son identité de genre diffère de la norme, votre enfant peut craindre de partager cette information ou au contraire avoir très envie de le faire. Vient alors la grande question : comment le dire, à qui et comment ?
Le coming-in, le coming-out ou la sortie du placard
Le regard et l’avis que peuvent porter nos proches sur notre orientation sexuelle (réelle ou supposée) sont évidemment ceux qui importent le plus. C’est le cas des ami.e.s, mais surtout des frères et sœurs et plus encore des parents. Les idées reçues et propos péjoratifs que ces différentes personnes peuvent tenir ne sont pas sans conséquence sur la manière de vivre et de révéler son orientation sexuelle et/ou son identité de genre.
Il est important de comprendre qu’un coming-out n’est en aucun cas un passage obligé, chacun.e est libre de décider de le faire ou non. De plus, ce n’est pas parce que votre enfant vous a fait son coming-out que vous pouvez partager cette information à votre entourage sans son consentement. Il est important d’en parler directement avec lui/elle avant toute chose.
Quelle est la différence entre coming-in et coming out ?
Le coming out c’est l’annonce volontaire de son orientation sexuelle ou de son identité de genre à son entourage. En d’autres termes, c’est dire aux autres : je suis lesbienne, gay, bi, trans … C’est un moment un peu effrayant, car même si notre société devient de plus en plus tolérante vis à vis des orientations sexuelles / identités qui diffèrent de la norme, elle n’est pas encore totalement acceptante. Je le vois au cabinet, la peur du rejet est grande et retarde souvent le coming-out. Cela n’est pas sans impacte sur la santé mentale de mes patient.e.s : pour celles et ceux qui se sentent prêt.e.s, retarder un coming-out c’est souvent mettre une partie de soi entre parenthèse.
N’oubliez pas que le coming-out est un acte très courageux, un moment où l’on s’expose et que l’on est amené.e à revivre souvent lorsque l’on parle de soi. Il n’y a pas de règles, il s’agit d’une démarche progressive qui est très variable dans le temps. Votre enfant pourra être amené.e à choisir de faire un coming-out dans une sphère de sa vie (ami.e.s, famille …) et pas dans une autre (école, milieu professionnel …).
Avant son coming-out, votre enfant passera par un coming-in, il s’agit de la première étape de l’acceptation de son orientation sexuelle et/ou identité de genre. Votre enfant va se dire pour la première fois intérieurement : “je suis lesbienne, ou gay, ou bi, ou trans …”. C’est un moment fort, mais aussi très perturbant, mes patient.e.s me disent souvent qu’ils/elles ressentent un grand soulagement suivi d’un sentiment de peur. Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de la peur de se tromper ou autre, mais celle d’être rejeté.e par sa famille, ses ami.e.s, la société ! La peur de décevoir ses parents qui ont formulé tant d’attentes et de projections le/la concernant.
L’essentiel en tant que parent est que vous soyez à ses côtés dans ces différents moments. N’hésitez pas à lui demander ce que vous pouvez faire pour l’accompagner, quelle place vous pouvez prendre, le/la rassurer sur l’amour que vous lui portait.
Quelques conseils
N’éludez pas la question, faites preuves d’écoutes et d’ouverture.
Pour beaucoup de parents, un coming-out implique un changement de représentations donc tout un tas de peur et de questions qui émergent. Il est important d’accepter ce que vous ressentez, sans pour autant faire peser vos émotions négatives sur votre enfant. Comme je vous l’ai expliqué, un coming-out est un moment important pour votre enfant qui sera très à l’écoute de vos réactions donc faites preuve d’empathie. Partagez vos pensées et émotions, la communication est une des clés, car elle permet la libération de la parole tant pour vous que pour votre enfant !
Questionnez la norme et vos préjugés.
N’oubliez pas que la norme s’inscrit dans une période, celle d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain. La société avance sur les thématiques d’orientations sexuelles et d’identité de genre, nous sommes beaucoup à travailler pour une société plus inclusive. Ce n’est pas parce qu’il reste difficile aujourd’hui de faire partie d’une minorité que cela sera le cas demain, par vos réactions et vos mots envers votre enfant, vous faites partie des personnes qui peuvent faire bouger les lignes : faites preuve d’ouverture et de tolérance.
Vous n’y connaissez rien ? Eduquez vous !
Etre LGBTQIA+ est peut-être une réalité qui semble loin de la vôtre, mais il existe quantité de livres, de sites, de groupes de parole, d’associations qui peuvent vous informer sur le sujet. Vous avez probablement souhaité inculquer des principes tels que la curiosité et l’ouverture d’esprit à votre enfant, c’est le bon moment pour montrer le bon exemple et appliquer ces principes. Les personnes qui vous entourent ne seront pas toutes informées et outillées pour bien agir dans certaines situations, par exemple à l’école. Vous êtes à même de devenir une personne ressource pour votre enfant et partagez ce que vous avez appris avec d’autres ou les inciter à suivre des formations pour plus d’inclusivité.
Evitez de condamner ou blâmer.
J’entends souvent au cabinet, des parents me demander “qu’est-ce que j’ai mal fais ?” ou “est-ce que c’est ma faute si mon enfant est gay/bi/lesbienne/trans … ?”. Ce n’est la faute de personne car il n’y a pas d’erreur commise, sous-entendre que cette situation est la faute de quelqu’un équivaut à dire qu’il s’agit d’un problème à régler. On ne choisit pas qui l’on aime ou qui nous attire, tout comme on ne choisit pas son identité de genre. Des parents me disent également “plus rien ne sera comme avant”, effectivement votre enfant évolue tout comme vous l’avez fait avant lui. Pouvoir accompagner son enfant dans son évolution est un des aspects du rôle de parent, n’hésitez pas à demander à votre enfant comme vous pouvez l’accompagner vis-à-vis de cette partie importante de sa vie.
L’amour avant tout !
Je rencontre au cabinet des ados et jeunes adultes LGBTQIA+ qui croulent sous le poids du rejet, du manque d’amour et de la solitude. Il est important de prendre un peu de recul : on ne devrait pas se sentir rejeté.e par ses proches lorsqu’on leur partage qui l’on est et qui l’on aime ! Dites à votre enfant que vous l’aimez même si vous avez besoin de temps pour accepter le changement, faites de la place aux émotions positives ☺
« Ce n’est, en fait, pas l’homosexualité qui est dangereuse : c’est l’homophobie », Patrick Hannot.