Faire son coming out est une étape marquante et souvent chargée d’émotions pour une personne LGBTQIA+. C'est un chemin intime, parfois libérateur, parfois intimidant. Avant de partager cette partie de vous avec les autres, il y a d’abord le coming in : cette phase où l’on apprend à s’accepter, à reconnaître et à honorer son identité. Ce processus d’acceptation personnelle pave la voie vers le coming out, une étape qui, elle non plus, n’a pas de règle fixe.
Que vous vous demandiez quand, comment, ou même si vous devez le faire, l’important est d’avancer selon vos besoins et à votre propre rythme.
Faire son coming out : qu’est-ce que cela signifie ?
Faire son coming out consiste à dévoiler son orientation sexuelle ou son identité de genre à son entourage. Première chose à savoir : ce n’est pas obligatoire. Personne n’a à savoir ce que vous n’avez pas envie de partager. Vous avez le droit de garder certaines choses pour vous, d'être sélectif·ve avec les informations que vous partagez, et même de ne pas être totalement transparent·e, si cela vous protège.
Le plus important, c'est de préserver votre bien-être et d’agir en accord avec vos besoins. En tant que démarche personnelle et intime, le coming out est avant tout un choix — votre choix, à faire dans les conditions qui vous conviennent le mieux.
Quand faire son coming out ?
Le bon moment pour faire son coming out, c’est celui où vous vous sentez prêt·e. Il n’y a aucune règle universelle à suivre. Ne vous sentez pas contraint·e par une pression extérieure. C’est une démarche intime qui doit venir de vous, à l’écoute de votre intuition et votre ressenti.
Vous êtes la seule personne à pouvoir décider quand, comment, et à qui le faire.
“Plus j’attends, plus ce sera difficile…”
En réalité, ce n'est pas toujours le cas. Attendre peut parfois vous permettre de gagner en confiance. Plus vous avancez, plus vous avez l’occasion de valoriser votre identité et de tisser des liens avec des personnes qui vous acceptent tel·le que vous êtes. Cela peut renforcer votre assurance et vous offrir la force nécessaire pour partager votre vérité au moment qui vous semble le plus juste — à votre “bon moment”.
“J’ai trop attendu, ils/elles vont avoir l’impression que je leur ai menti tout ce temps”.
Ce sentiment est naturel, mais vous n’avez rien à vous reprocher. Vous aviez vos raisons de ne pas en parler jusqu’ici. Ce n’est pas un mensonge, ni une trahison. Vous avez simplement pris le temps qu’il vous fallait pour être prêt·e, et personne ne peut vous en vouloir pour cela.
À qui faire son coming out ?
Le coming out n’est pas un événement unique, mais un processus. Au fil de votre vie, vous ferez probablement plusieurs coming out, dans des contextes différents : aux membres de votre famille, à vos ami·e·s, vos collègues, … Vous n’êtes pas obligé·e de tout dévoiler à tout le monde, ni même de le faire en une seule fois. Cela peut prendre des années. L’essentiel est de fixer vos propres règles. Parce que faire son coming out, c'est aussi se respecter et poser des limites claires.
- Quelles sont vos attentes ?
- Quelles sont les choses que vous êtes prêt·e à tolérer ? Et, à l’inverse, celles que vous ne pouvez pas accepter ?
Certaines personnes espèrent que leur entourage respectera d’emblée leur identité, mais il est aussi possible que cela prenne du temps. Alors, donnez-vous la liberté de réfléchir à ce qui vous fait du bien, à ce que vous voulez vraiment. Cette réflexion intérieure vous permettra d’aligner vos besoins avec vos attentes, et d’ouvrir un dialogue plus serein avec les autres.
Surmonter la peur de la réaction des autres
La peur de faire son coming out est courante. Elle découle souvent de préjugés et stéréotypes que nous avons intégrés, de mauvaises expériences que l’on nous a rapportées / que l’on a vues dans les médias ou de la crainte d’être rejeté.e. Sachez que faire partie d’une minorité ne signifie pas que cela se passera forcément mal. Cette peur peut-être liée à une forme d’homophobie intériorisée : l’idée que parce que vous êtes différent·e, vous avez moins de chances d’être accepté·e. Pourtant, vous méritez autant que quiconque de recevoir amour et soutien.
Face à cette peur, rappelez-vous de vos règles personnelles : vos attentes peuvent évoluer, mais définissez ce qui est pour vous non négociable. Par exemple, si vous êtes prêt·e à laisser du temps à vos proches pour comprendre, exprimez-le clairement :
"Voici qui je suis, et voici ce que j’attends de vous."
Si l’anxiété est trop intense, tournez-vous vers des associations, des ami·e·s ou des groupes de soutien qui vous apporteront réassurance et courage. Regarder des témoignages ou des documentaires comme Les Invisibles peut aussi vous permettre de vous sentir moins seul·e et de voir comment d’autres personnes ont vécu leur coming out.
Que faire face à des parents homophobes ?
Si vous pensez que vos parents sont homophobes, priorisez toujours votre sécurité. Si vous êtes encore dépendant·e d’eux, émotionnellement ou financièrement, il est parfois préférable d’attendre pour se protéger. Vous n’avez rien à prouver à personne.
Voyez les relations humaines comme un jeu de société, où chacun·e a ses propres règles. Pour jouer ensemble, il faut d'abord partager ces règles. En faisant votre coming out, vous invitez vos proches à comprendre et respecter les vôtres. La réponse peut être positive, mais si elle ne l’est pas immédiatement, cela ouvre une discussion sur ce qui est acceptable pour vous et ce qui ne l’est pas. Pour, peut-être, trouver un terrain d’entente.
"Voici mes règles, êtes-vous prêt·e à les accepter ?"
🆘 Si vous avez besoin de soutien, et/ou d’une solution de secours au cas où la situation tournerait mal, contactez la ligne d'écoute et d'assistance (anonyme) au 01 48 06 42 41 ou utilisez le service de chat'écoute de SOS homophobie.
Conclusion
Faire son coming out est un chemin unique et personnel, à vivre à votre rythme. Prenez le temps de vous écouter, de fixer vos propres règles, et de vous entourer de personnes bienveillantes. Vous n’avez aucune obligation de vous révéler tant que vous ne vous sentez pas prêt·e.
Prenez soin de vous, car vous méritez d’être accepté·e et aimé·e pour qui vous êtes.