C’est le 17 mai prochain qu’aura lieu la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. L’occasion de revenir sur les solutions que l’on peut mettre en place pour lutter contre les discriminations subies chaque jour par les personnes LGBTQIA+. Dès l’école élémentaire, les jeunes subissent des LGBTIphobies dites « ordinaires » qui peuvent avoir des répercussions sur leur scolarité et leur santé mentale. Ces discriminations se poursuivent dans les études supérieures puis dans le monde du travail et bien sûr au quotidien dans l’espace public. Pour accompagner les membres de la communauté LGBTQIA+, vous pouvez mettre en place des actions concrètes pour briser la loi du silence. De plus, si vous êtes un(e) professionnel(le) en milieu scolaire, médical … Une formation pour comprendre et accompagner les personnes LGBTQIA+ peut vous donner les clés pour devenir un(e) véritable allié(e).
1. Faire de la prévention dès le plus jeune âge
L’enfance et l’adolescence sont des périodes charnières dans la construction identitaire, ce sont des périodes de fragilité pendant lesquelles la sensibilité et le besoin de modèle positif sont accrus. Prenons une petite métaphore, lors de notre enfance et notre adolescence nous fonctionnons comme des éponges, tout est absorbé, le mauvais comme le bon : stéréotypes, préjugés, insultes, mais également inclusivité, respect, écoute …
L’éponge que nous sommes à cette période de notre vie absorbe tout, mais le mauvais laisse des traces, qui peuvent avoir des conséquences sur la santé mentale et le parcours scolaire. C’est donc là que la famille et l’école jouent un rôle prépondérant pour accompagner les jeunes LGBTQIA+ et pour éduquer à la différence, et ce dès la plus tendre enfance ! On ne peut pas nier que l’école à une influence importante dans nos vies, en ce sens, c’est un lieu ou il est possible d’apprendre l’inclusivité et le sentiment de légitimité.
Une première action possible dans la prévention des discriminations est liée au fait de rendre visible : parler des personnes queer, des femmes, des personnes racisées … montrer des exemples, des figures positives, des moments de l’histoire important dans lesquelles figurent ces personnes.
En 2019, le ministère de l’Éducation a chargé chaque établissement d’avoir un référent « égalité filles-garçons ». Même si cette initiative est critiquable, le titre étant en lui-même peu inclusif en se limitant à l’égalité “filles-garçons”, elle a le mérite de faire un premier pas vers la lutte contre les discriminations. Cette personne détient parmi ses missions, celle du renforcement de la lutte contre les LGBTIphobies dans le milieu scolaire. Cette personne peut, par exemple, déposer des affiches de lutte contre le sexisme et les LGBTIphobies dans les couloirs des collèges et lycées pour informer les élèves. Elle peut organiser également des sessions de formation pro-LGBTQIA+ pour initier des débats entre élèves et les faire ainsi prendre conscience de ce que subit la communauté LGBTQIA+ dès l’adolescence. Lors de ces formations, les élèves apprennent également comment réagir s’ils assistent à un acte de discrimination commis sur une personne LGBTQIA+. Les élèves peuvent ainsi venir en aide aux victimes et prévenir les membres de la communauté éducative. La graine de la tolérance est ainsi plantée !
2. Écouter et accompagner
Pour lutter contre les discriminations faites aux personnes LGBTQIA+, quelle que soient leurs orientations sexuelles ou identités de genres, la première étape est d’être à l’écoute de l’autre. Si une personne de votre entourage (collègue, ami(e), membre de la famille, élève…) est victime de rejet ou de discrimination à cause de son orientation sexuelle ou de son identité de genre, il ne faut pas hésiter à lui proposer votre aide. Demandez lui comment vous pouvez l’aider, ce qui lui ferait du bien. Chaque personne a besoin d’être soutenue et une oreille attentive est plus que bienvenue, surtout si elle n’ose pas se confier de peur d’être jugée. N’hésitez pas à prendre des nouvelles régulièrement pour instaurer un climat de confiance, propice à la confidence.
Ne faites pas de distinctions entre vos ami.e.s queer et vos ami.e.s hétéros !
Si vous avez fait une distinction, demandez-vous : pourquoi ?
Par exemple, vous avez peut-être peur que certains de vos ami.e.s cisgenr.e.s aient des comportements ou des phrases inappropriés à l'égard de vos ami.e.s queer ? Vous présumez peut être que les centres d’intérêts, les discussions, les activités de vos différents groupes d’ami.e.s sont différents parce qu’iels n’ont pas les mêmes orientations sexuelles ?
Cela passe également par le fait de ne pas présumer que votre entourage est forcément hétérosexuel lors de vos réflexions personnelles ou partagées. Eh oui, il faut une certaine ouverture d’esprit pour faire face à ses propres préjugés ! Il faut parfois déconstruire ce que l’on croit acquis pour comprendre le monde qui nous entoure. C’est grâce à votre tolérance et à votre bienveillance que vous pourrez offrir du réconfort aux victimes pour chercher ensemble des pistes de solutions pour faire face aux discriminations que ces personnes rencontrent.
Ces éléments nous amènent à interroger les biais, préjugés, stéréotypes qui nous habitent. Nos actes en disent long sur nous, s’interroger sur ce que l’on fait et pourquoi on le fait, c’est déjà faire un pas vers l’inclusivité.
3. Soutenir et prendre position
Si l’écoute est un premier pas dans l’accompagnement des personnes victimes de LGBTIphobies, les actes sont tout aussi importants. Dans les cas où vous seriez témoin dans votre quotidien, de discriminations ou de préjugés, n’hésitez pas à rappeler que les blagues ou les commentaires anti-LGBT, sexistes, racistes … sont blessants pour les personnes concernées. L’humour n’a pas sa place partout, surtout s’il est dispensé avec insistance ou régularité ! Prenez conscience qu'une blague que vous entendez une fois en soirée, a souvent déjà été entendue des dizaines de fois auparavant par la personne concernée.
Selon le niveau de discrimination subient à l’école, sur le lieu de travail ou dans l’espace public, il faut parfois faire intervenir la justice. Si vous avez un doute quant à la sanction possible d’un acte de discrimination envers une personne de votre entourage, vous pouvez vous rapprocher d’une association comme SOS Homophobie. En plus de vous informer sur les sanctions et recours possibles, l’association est aujourd’hui habilitée à se porter partie civile auprès de victimes d’actes LGBTIphobes.
Petit rappel, une discrimination est la distinction négative de personnes ou d'un groupe de personnes. C’est une attitude, action ou loi qui vise à distinguer un groupe humain d’un autre à son désavantage. (SOS homophobie)
Une des conditions sine qua non pour être capable de voir une discrimination est de s’informer et s’éduquer. Il existe des tas de ressources, sous des formes diverses en fonction de ce qui vous touche le plus : films, séries, BD, podcasts … Vous pourrez ainsi vous enrichir personnellement et être en mesure d’agir le moment venu. Enrichir son vocabulaire par du lexique LGBTQIA+ est également une piste d’action, il est plus aisé de devenir un ou une allié(e) en enrichissant son vocabulaire. Car lutter contre les discriminations LGBTIphobes, c’est aussi s’informer et approfondir ses connaissances sur les différentes orientations sexuelles ou identités de genre.
Attention toutefois à rester à votre place en ne portant pas un discours qui ne vous concerne pas… Le soutien est important, mais on ne parle pas à la place des principaux intéressés !
4. Suivre une formation dédiée à l’accompagnement des personnes LGBTQIA+
Les professionnel(le)s de la santé, de l’éducation, du sanitaire et social, de la sécurité ou de la justice peuvent aller plus loin dans le soutien aux personnes LGBTQIA+, en suivant une formation pour comprendre et accompagner les personnes LGTBQIA. Lors de cette formation, les professionnels réfléchissent aux stéréotypes qui sont associés aux personnes LGBTQIA+, cherchent à comprendre leurs origines pour aider à mieux les déconstruire. Ils acquièrent également des outils pour lutter contre les discriminations au quotidien, dans les établissements scolaires, au sein des entreprises ou dans l’espace public. Ces bases solides issues de la formation LGBTQIA+ permettent aux apprenants de mettre en place des actions concrètes pour lutter contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.
Chaque personne a le droit d’être traitée avec dignité, quelle que soit son orientation sexuelle, son identité de genre, son statut social, son origine... La lutte contre la discrimination subie par les membres de la communauté LGBTQIA+ est l’affaire de toutes et tous. En tant que psychanalyste LGBTQIA+, formée aux enjeux et besoins de la communauté LGBT dont je fais moi-même partie, j’accompagne mes patients dans leurs questionnements, réflexions, difficultés.